A partir de 1939, le contexte européen met la vie des Français en alerte. En février 1939, après la victoire de Franco, la France a dû accueillir de nombreux républicains espagnols vaincus et en fuite. L'Allemagne devient l'ennemi à redouter. Le 3 septembre 1939, la France lui déclare la guerre. Après une courte guerre et une fulgurante offensive allemande, l'armistice est signé le 22 juin 1940 à Rethondes. Le territoire français est partagé en deux zones séparées par une ligne de démarcation. Montpellier se trouve en zone "libre".
Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale vote le texte de la loi constitutionnelle composée d'un unique article : "L'Assemblée nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain, à l'effet de promulguer, par un ou plusieurs actes, une nouvelle Constitution de l'Etat français". Une nouvelle administration, basée à Vichy, est alors mise en place. Le Travail, placé en tête de la devise du gouvernement "Travail, Famille, Patrie" en est la valeur centrale.
Le 14 juillet 1940, René Belin, ancien n°2 de la CGT, est nommé secrétaire d'Etat à la Production industrielle et au Travail, poste qu'il occupe jusqu'au retour de Laval aux affaires en avril 1942. Lui succèdent au poste de secrétaire d'Etat au Travail jusqu'à la Libération Hubert Lagardelle, Jean Bichelonne puis Marcel Déat. Le secrétariat d'Etat au Travail connaît plusieurs réorganisations entre 1940 et 1944, perdant notamment la Production industrielle dès 1941. A la Libération, la transition est assurée par un secrétaire général provisoire avant la constitution du ministère du Travail et de la Sécurité sociale par Alexandre Parodi fin 1944. L'ordonnance du 24 mai 1945 confère au service public le monopole du placement et du contrôle des mouvements de la main-d'oeuvre. L'ordonnance du 2 novembre 1945 attribue le monopole du recrutement des travailleurs étrangers à l'Office national d'immigration (ONI).
Le Commissariat à la lutte contre le chômage (CLC) est créé par le décret du 11 octobre 1940, émanation de la volonté de René Belin de faire de la lutte contre le chômage une de ses priorités. A l'automne 1940, la France, qui compte 40 millions d'habitants, est complètement désorganisée depuis la défaite. Plus d'1 million de chômeurs est recensé à la mi-novembre dont 172 000 résident en zone libre. Le CLC est chargé de recenser la main-d'oeuvre disponible et ses possibilités d'emploi, de rechercher les travaux de toute nature pouvant être entrepris, d'établir un programme pour la réalisation et le suivi de ces travaux, d'y affecter la main-d'oeuvre disponible. A ce titre, il assure la gestion des formations de main-d'oeuvre encadrée. En zone libre, il remplit également la fonction d'organisme de reclassement. Les services du CLC s'étendent aux travailleurs français et indigènes, aux travailleurs étrangers, aux chantiers ruraux, aux ateliers féminins, aux expulsés et réfugiés, aux militaires français démobilisés rapatriés. En zone libre, le CLC, dirigé par le commissaire adjoint Henri Maux jusqu'en mars 1942, est organisé en 5 services et 1 bureau : les services général, du contrôle, de documentation, de reclassement, de la main-d'oeuvre encadrée et le bureau central des inspecteurs provinciaux. Le service de la main-d'oeuvre encadrée comprend la main-d'oeuvre nationale (MON), la main-d'oeuvre indigène (MOI), la main-d'oeuvre nord-africaine (MONA), la main-d'oeuvre étrangère (MOE), le service social des étrangers (SSE) et la section médicale. Supprimé en janvier 1943, ses attributions sont exercées successivement par la direction de la main-d'oeuvre au secrétariat d'Etat au Travail et par l'Office de reclassement professionnel de la main-d'oeuvre (ORPMO), le Commissariat général interministériel à la main-d'oeuvre (CGIMO) placé sous l'autorité d'un comité interministériel à la main-d'oeuvre, puis cette structure est rattachée au ministère du Travail en novembre 1943 sous le nom de Commissariat général à la main-d'oeuvre (CGMO), transformé en Commissariat général à la main-d'oeuvre et au travail (CGMOT) avant d'être rebaptisé Secrétariat général à la main-d'oeuvre (SGMO) en mars 1944. Au sein de ces organismes, apparaît une direction ou service en charge de la main-d'oeuvre encadrée, au niveau central mais également au niveau régional, avec, en outre, des chefs régionaux des différents groupes de main-d'oeuvre encadrée et du service social (chef de légion pour la main-d'oeuvre indochinoise, chef de groupement pour la MOE, délégués régionaux du SSE - appelé ensuite Contrôle social des étrangers -, des chantiers ruraux et centres de reclassement avant leur suppression ou modification, du service encadré du travail). En fait, si de nombreuses réorganisations sont intervenues entre 1943 et 1944, le schéma général est resté relativement stable. Par ailleurs, en février 1943 est créé le service du travail obligatoire dont la mise en oeuvre est assumée par le Commissariat général au STO (CGSTO).
La loi du 27 septembre 1940, remplaçant la loi du 12 avril 1939, relative à la situation des étrangers en surnombre dans l'économie nationale, instaure les formations de travailleurs étrangers (TE) où sont incorporés tous les étrangers de sexe masculin, âgés de 18 à 55 ans, se trouvant en surnombre dans l'économie nationale. Ces formations se substituent aux anciennes compagnies de travailleurs étrangers (CTE). Des textes législatifs et réglementaires viennent cadrer les conditions d'organisation, d'incorporation et d'utilisation de ces TE (notamment les instructions des 15 février, 28 septembre, 28 novembre 1941 et 5 juillet 1942, et la loi du 4 septembre 1942). C'est l'introduction d'un travail obligatoire pour les étrangers réfugiés en France incapables de retourner dans leur pays d'origine en les rassemblant dans des groupements d'étrangers. La loi du 27 septembre 1940 répond à un double objectif : sécuritaire assuré par le ministère de l'Intérieur, au travers des préfets, chargé de rassembler, d'incorporer et de contrôler ces étrangers, économique, assuré par le ministère du Travail organisant leur encadrement et leur emploi.
La circulaire du 28 novembre 1941 sur la main-d'oeuvre étrangère en France définit les catégories d'étrangers "en surnombre" avec un régime de droit commun et un régime d'exception. Le régime de droit commun concerne les étrangers ayant conservé la protection de leur pays d'origine et bénéficiant du statut de travailleurs libres. Leur contrôle est assuré au moyen de cartes délivrées par les préfectures, en accord avec les services de la main-d'oeuvre. Ils sont soumis au même régime que les travailleurs français. Une carte valable 3 ans leur permet d'exercer la profession indiquée dans la limite d'un seul département. Tout changement de profession ou de département doit être autorisé. Ces TE sont contrôlés pour leur emploi par les services de la main-d'oeuvre (inspection du Travail et de la main-d'oeuvre, office départementaux du Travail) et leur surveillance est assurée par les services de police. Les étrangers relevant du régime d'exception doivent être incorporés dans les formations encadrées. Ce régime s'applique aux étrangers à la fois réfugiés et en surnombre dans l'économie nationale. Sont considérés comme réfugiés les étrangers en rupture avec leur pays d'origine ou devenus apatrides. Sont estimés étrangers en surnombre ceux qui n'ont pas de ressources de subsistance suffisantes ou secourus par une oeuvre d'assistance, ceux qui travaillent de manière irrégulière ou au chômage depuis plus de 3 mois, ceux qui n'ont pas obtenu d'autorisation de travail, ceux qui exercent une profession souffrant d'un manque de main-d'oeuvre. Peuvent être exemptés d'incorporation, sous certaines conditions, les ex-légionnaires, les étrangers ayant appartenu aux formations de marche de volontaires étrangers, les engagés dans les armées ex-alliées. Ne sont pas incorporés les Italiens ni les étrangers jugés dangereux pour l'ordre public, envoyés au camp répressif du Vernet en Ariège. Ce texte précise les modes d'incorporation des étrangers, leur affectation, leur surveillance, leur réforme, rapatriement, émigration ou retour en zone occupée, les cas de mutation d'un régime vers l'autre. En outre, il précise le rôle du service social des étrangers (SSE). Ces dispositions ne s'appliquent que pour la zone libre. Des modifications surviennent dans les années suivantes avec notamment l'attribution d'allocations aux TE et à leurs familles. Une circulaire interministérielle du 16 décembre 1944 institue des commissions de libération permettant la libération de TE pouvant justifier de ressources suffisantes.